Hiver 2019-20 . « Je peux travailler dans toutes les usines où il y a une chaîne de production automatisée »

« J’ai 21 ans depuis le mois de mai.

J’ai été à l’école au pays jusqu’au brevet des collèges, mais je ne l’ai pas eu.

Je vis actuellement dans un foyer de jeunes travailleurs à Paris.

Depuis que je suis ici, j’ai eu un CAP, un Bac PRO, et j’ai commencé le BTS cette année.

Juin 2018 : Bac pro pilotage de ligne de production – avec mention.

2ème année de Bac pro : j’étais en alternance, je travaillais dans une industrie pharmaceutique où on faisait des médicaments, de la crème pour la peau, du sirop, des médicaments contre l’alcoolisme, destinés aux pays de l’Est : l’Ukraine, la Russie, la Biélorussie et l’Ouzbékistan ; on faisait aussi des comprimés pour la gastroentérite, des pastilles avec ou sans sucre et menthe, ça dépendait des commandes : Belgique, Portugal ou Malaisie.

J’ai voulu continuer en BTS mais l’entreprise où j’ai eu mon entretien d’embauche a dit que ça va leur coûter cher, qu’ils devront payer le CERFA, que ça va durer deux ans, deux semaines à l’école, deux semaines en entreprise.

Autre entretien d’embauche à Mitry-Claye : ils ont dit que l’entretien s’est très bien passé mais qu’ils préfèrent prendre l’autre jeune avec qui ils ont aussi eu un entretien, car il n’a pas d’expérience donc ils vont le former et le payer moins cher.

Problèmes :

  • Je n’ai pas payé ma maison, ni l’électricité j’ai peur qu’on me la coupe, je suis obligé de manger aux Restos du cœur, je n’ai plus d’argent, je suis complètement bloqué. Il me faut une entreprise, pour pouvoir faire le BTS en alternance ou au moins pour travailler.
  • Situation administrative : j’ai actuellement un récépissé de demande de titre de séjour, qui prenait fin en janvier dernier. Récépissé qui n’autorise pas à travailler sauf autorisation de travail qui passe par la Dirrecte mais il faut le Cerfa d’un patron. (La préfecture risque de ne pas renouveler la carte de séjour si je ne trouve pas d’entreprise).
  • Je peux travailler dans toutes les usines où il y a une chaîne de production automatisée : usines agroalimentaires, automobiles, pharmaceutiques, navales, etc. Mon travail consiste à s’assurer d’abord que tous les systèmes de détection fonctionnent bien. Ce sont eux qui vérifient l’assemblage, que les étiquettes soient bien visibles, que les produits sont glissés dans leur étui avec la notice. La trieuse pondérale (la balance) s’assure de la bonne quantité, sinon le produit est repoussé, etc. Ensuite, je fais signer le papier au chef puis je lance la production. Il faut alors tout vérifier constamment.  

Je suis élève dans un Lycée professionnel à Paris.

En Bac Pro, lorsqu’une entreprise prenait contact avec l’école c’était une dame du lycée qui appelait les ressources humaines pour convaincre l’entreprise de prendre un jeune : « c’est un jeune très motivé, il faut que vous le preniez… ». Mais cette année on nous a dit qu’en BTS c’est à nous de nous débrouiller tout seul pour trouver une entreprise qui accepte de signer un contrat avec nous.

Il y a plusieurs jeunes qui sont dans la même situation dans cette école. Nous sommes 12 personnes, 5 ont eu le contrat et 6 autres, dont moi, on est toujours dans la recherche. Si on ne trouve pas d’entreprise, ça veut dire soit que le lycée a encore une place dans la classe initiale (sans alternance), ou sinon c’est l’exclusion.  On a jusqu’à décembre pour trouver une entreprise (début ou fin, on ne sait pas). Même si je me retrouve en classe initiale, je n’aurai pas de moyens pour vivre, la seule solution est de trouver une entreprise.

J’ai essayé de m’inscrire à Pôle emploi pour qu’ils m’aident à trouver une entreprise mais j’ai reçu la notification de refus de donner le chômage (parce que je suis élève). »