L’École des Actes a été littéralement « jetée » dans la question du logement quand un groupe de familles d’un squat de la rue du Port à Aubervilliers est arrivé, hommes, femmes et enfants, dans une Assemblée de l’École pour dire qu’ils et elles venaient d’être expulsées et demander de les aider. Dans leur idée, les aider, cela aurait été les héberger immédiatement dans l’École, faisant valoir pour cela la présence de femmes et d’enfants parmi eux. Nous leur avons expliqué que ce n’était pas cela que nous pouvions faire pour eux, que cette aide ponctuelle ne ferait que maintenir le problème en l’état, mais que nous pouvions ensemble ouvrir un autre chemin : d’abord écrire avec le groupe une lettre à la Mairie d’Aubervilliers pour lui demander des comptes sur cette expulsion, alors même qu’elle venait de prendre position avec d’autres mairies de Seine-Saint-Denis contre les expulsions locatives ; ensuite engager des explications publiques sur le bien-fondé de squats comme le leur, faute de toute autre solution. La lettre à la Mairie a été suivie d’une rencontre avec un service municipal. Pendant ce temps, le groupe de ces personnes a retrouvé un lieu où ils pouvaient à nouveau vivre et s’abriter.
Peu après, des participants et des participantes de l’École qui habitaient dans le squat Schaeffer ont saisi l’assemblée de ce qui leur semblait mal organisé dans leur squat, et qui était source de divisions et de tensions. De cette discussion est sorti un long processus d’enquête qui a conduit à la rédaction d’une charte avec le groupe dirigeant du squat.
Entretemps des étudiants et étudiantes d’architecture de Marne-la-Vallée sous la direction de Guillaume Nicolas et Laureline Guilpain avaient demandé à mener des enquêtes sur un squat et deux foyers. Il en est sorti trois petits films qui ont été projetés et discutés dans l’École.
La discussion sur les squats, la volonté des gens de les aménager le mieux possible, a conduit l’École à inviter l’un des architectes qui avaient aidé le squat des Sorins à Montreuil à protéger leur installation des risques d’incendies et à aménager au mieux leur espace intérieur. Sa présentation nous a confirmé qu’avec très peu d’argent et en comptant sur les capacités de travail des habitants et habitantes du squat, il était possible de créer des lieux où les gens soient mieux protégés du froid comme de la grande chaleur, moins exposés aux problèmes d’hygiène et aux risques d’incendie. Nous avons alors décidé de vérifier par nous-mêmes où en était la situation aux Sorins et nous avons organisé une rencontre, très fructueuse, entre des membres de la direction du squat de Montreuil et deux dirigeants du squat Schaeffer.
Nous avons alors soutenu la création dans l’École d’un Laboratoire populaire d’Architecture (LAPA), animé par Guillaume Nicolas, qui a tenu quelques très belles séances, tant avec des participants et participantes de l’École que, plus tard, en compagnie d’autres architectes, avec des habitants et habitantes du nouveau squat Schaeffer.
Parallèlement à cette «entrée» de la question des squats dans l’École, dans l’assemblée des femmes nous découvrions les taudis des marchands de sommeil et les problèmes rencontrés par des familles habitant des HLM.