Le cœur du dispositif d’enquête de l’Ecole est l’Assemblée. La raison d’être de ces Assemblées est que nous avons tous un besoin vital aujourd’hui d’hypothèses et d’idées nouvelles sur une situation qui est commune à tous les pays du monde : le déplacement de gens qui n’ont pas d’autre choix et de désir que de se déplacer pour vivre. Nous avons besoin de travailler à faire émerger de grandes hypothèses pour que la vie collective soit organisée de façon plus juste et meilleure pour le plus grand nombre.
Ces assemblées réunissent des personnes que rien ne rassemble au départ. Elles sont l’occasion de rencontres de pensées et d’expériences très diverses. La méthode de travail inventée dans ces Assemblées est certainement unique à ce jour. Il ne s’agit pas de démocratie « horizontale ». C’est un espace à part entière, qui a fixé ses règles propres, qui rendent visible l’institution en cours de construction qu’est l’Ecole.
Il y a égalité de parole de chacun. Cela ne signifie pas égalité formelle de temps de parole. On part en revanche de la conviction que chaque idée, chaque contribution est importante, pour que se construise au fil du travail une véritable pensée collective, si bien que le travail avance sous la stricte condition de ce que chacun y apporte et l’on doit y compris laisser s’expliciter et se clarifier les désaccords ou les silences. Quand on parvient à une conclusion commune, c’est au régime du fait qu’aux yeux de tous on a réellement fait le tour de la question. L’accord entérine alors un déplacement et une invention par rapport aux termes initiaux. En effet, la discussion dans une assemblée n’est pas de l’ordre du ‘débat d’opinion’ où chacun repart avec les idées qui étaient déjà les siennes au début, mais exige un véritable travail collectif où il s’agit d’être attentif aux idées qui vont surgir et éclairer d’un jour nouveau les questions traitées.
Cela exige de chacun une confiance dans la possibilité de se compter et d’être compté dans le travail collectif de la discussion.
C’est la régularité des Assemblées qui garantissent la continuité d’un travail collectif, en dépit de la variabilité inévitable des présences, et font place à la durée nécessaire pour qu’émerge une proposition nouvelle (parfois plusieurs mois).