8. Nécessité de tenir assemblée des femmes

La grande majorité des participants de l’Ecole étaient au départ des hommes - simplement parce qu’ils arrivaient en Europe en nombre plus grand au moment où l’Ecole s’est créée. Pourtant il y avait aussi, dès le début, des femmes, en nombre moindre, mais porteuses chacune d’histoires et d’expériences très fortes, souvent différentes de celles des hommes.

Dans la structure des assemblées communes, ce que ces femmes avaient à dire et à apporter à la pensée collective ne s’exprimait que rarement. Il a donc été proposé qu’un soir par semaine se tienne une assemblée séparée, qui ne réunirait que des femmes de l’Ecole. Pas du tout avec l’idée que les femmes auraient été plus faibles que les hommes, mais avec la conviction qu’il fallait un lieu où leurs paroles soient entièrement libres, ainsi que leurs désirs et volontés quant aux problèmes qu’il s’agissait de traiter dans le cadre de l’Ecole.

Cette proposition a inquiété certains hommes, soucieux de ne pas voir les assemblées privées de la présence des femmes, et certaines femmes n’y ont pas répondu, se contentant de continuer à suivre les séances de français et les assemblées communes.

Mais les assemblées de femmes - qui se sont tenues très régulièrement jusqu’à l’arrivée de la pandémie – ont été la source d’une richesse très grande en matière de questions nouvelles qui se sont ainsi ouvertes. Il y a d’abord eu de grandes discussions liées au travail, à ce que les femmes subissaient au travail, en particulier dans le travail du nettoyage, et cela qu’elles aient des papiers ou pas de papiers. Ces discussions ont permis des interventions pour obliger des patrons à respecter leurs droits, et des échanges sur à quelles conditions on peut poser des limites. Cela a été aussi l’occasion de découvrir comment les grandes administrations censées pallier les difficultés des populations qui se retrouvent accidentées ou handicapées par le travail, ou qui ont besoin d’une aide en cas de non travail et d’isolement familial – Sécurité sociale, Caisses d’Allocations familiales, Pôle Emploi… - , au plus loin d’être au service des gens, font tout pour les priver de ce à quoi ils ont droit. La difficulté, la lourdeur des procédures, les fausses informations pour décourager, sont légion, et systématiques. Tout est fait pour rendre plus compliquées encore des vies déjà très lourdes et dures.

Par ailleurs, ces assemblées ont été le lieu d’affirmations très fortes sur l’appartenance de l’immigration aux classes populaires : « La France sans l’immigration, c’est catastrophe ! ». Comme sur le double travail des femmes exigeant que leur retraite puisse être prise plus tôt.

Les idées élaborées dans ces assemblées ont ensuite été reversées aux assemblées communes et ont contribué à élargir leurs thèmes.


Les 12 fondamentaux de l'Ecole des Actes