Automne 20. Caisse d’amitié dans le travail avec les sans-travail

Automne 2020

Avec le Corona et depuis le confinement, beaucoup de gens font tout le possible pour retrouver du travail, mais ne trouvent rien. Etre sans travail, c’est grave : comment tous ces gens vont vivre ? On a pensé qu’il faut faire quelque chose pour traverser cette période ensemble, pour s’en sortir ensemble. Les gens sans travail ne sont pas seulement des gens malheureux mais des gens courageux qui continuent à chercher comment s’en sortir : donc on a pensé qu’on pouvait faire une Caisse, une Caisse d’amitié dans le travail avec les sans travail.

« Sans travail », cela dit tout : le grand malheur de ne pas travailler, cela concerne tout le monde. Tu peux être né·e ici ou venir de loin, tu peux être avec des papiers ou sans papiers, avoir la nationalité ou celle d’un autre pays, si on t’enlève le travail, on t’enlève la possibilité de porter ta vie sur tes épaules, de la construire.

« Amitié », c’est important aussi : amitié, ce n’est pas « charité », ce n’est pas « aide », celui qui ne travaille pas se sent bien par rapport à ça.

Car notre Caisse d’amitié avec les sans travail est basée sur le travail.

Comment ça marche ?

1- Parmi nous, celles et ceux qui travaillent peuvent cotiser à notre Caisse en donnant une journée de leur salaire.

2-Celles et ceux qui ne travaillent pas doivent aussi participer : notre idée, c’est que la personne peut aller voir un patron, une entreprise, pour donner un coup de main, rendre un service, travailler pour eux, une journée ou quelques heures, en échange de quoi le patron fera un don à notre Caisse.

Même si quelqu’un ne travaille pas, il a des capacités, des compétences, un métier. Et même si quelqu’un a un handicap, on peut lui proposer un travail que la personne peut faire assise, par exemple, comme du travail de couture ou de bureau.

3- On précise que ce travail que la personne peut faire, ce n’est pas travail noir, ni travail déclaré, ni travail d’un mois : le patron ne paye pas un salaire à quelqu’un, il fait un don à notre Caisse, et on lui donne un reçu en tant que don à une Association loi de 1901.

Normalement pour une journée de travail, le don ne peut pas être moins que 50 ou 60 euros.

4- L’argent qu’on réunit dans notre Caisse est destiné aux participants et aux participantes de l’Ecole des Actes, à celles et ceux qui participent régulièrement aux activités de l’Ecole. La Caisse durera tant que le problème du corona durera. Notre  but, c’est que celui ou celle parmi nous qui est sans travail puisse trouver, grâce à notre Caisse, de quoi se nourrir, contribuer à son loyer, payer son transport.

Pour nous, le travail, c’est la base de toute vie : c’est le travail qui fournit aux hommes et aux femmes la nourriture, les vêtements, le logement, les soins…

Donner quelque chose à faire à quelqu’un, c’est ça que nous appelons un travail. Cela veut dire : « Tu es parmi nous, tu comptes. Et moi, c’est comme ça que j’existe ».

Si on laisse des gens sans travailler, si on les sépare de tout accès au travail, on les laisse en dehors de l’humanité, on fait comme s’ils n’existent pas. C’est pourquoi nous avons un grand souci de celles et ceux qui ne parviennent pas actuellement à trouver le travail. D’un côté, celles et ceux qui travaillent nous disent qu’au travail, souvent les gens ne sont pas assez nombreux et qu’il y a trop de travail sur leur poste. D’un autre côté, il y a des patrons, des commerçants, qui n’ont pas les moyens d’embaucher. Et tout le monde se sent impuissant à sortir de cette situation.

Comme vous le savez,le chômage ou le chômage partiel, ce n’est pas tout le monde qui a droit. Les journaux disent que 6 chômeurs sur 10 n’ont reçu aucune aide depuis le début du confinement.

Si on n’organise pas quelque chose ensemble, qu’est-ce qu’il reste à ces personnes, à part mourir ou voler ?

Cette caisse c’est quelque chose de bon pour aujourd’hui, mais aussi pour l’avenir.

Pour le travail, cela donne la force aux travailleurs et à ceux qui cherchent le travail. Avec la caisse, tout n’est pas dans la main de certains patrons qui imposent des règles dures, en déclarant que celui qui ne veut pas travailler ainsi peut partir, qu’ils trouveront toujours quelqu’un pour prendre sa place. Par cette caisse, au contraire, les travailleur·ses et celles et ceux qui cherchent le travail sont ensemble, plutôt qu’opposés, et c’est seulement ainsi qu’ils et elles pourront affirmer ce que doit être le travail.

Cette caisse redonne aussi une idée que certains et certaines d’entre nous avaient perdue : en s’appuyant sur nos propres forces, ensemble, on peut construire et même financer de grands projets. Cette idée vient des ouvriers et des ouvrières, et de leur capacité à s’organiser pour rendre collectivement possible des choses qu’une personne, si elle est seule, ne peut faire : soutenir une famille financièrement lors d’un décès, d’une maladie, construire des écoles et des lieux de soins au pays… Cette caisse pourra permettre de nouvelles réalisations, si on veut faire d’autres choses importantes pour nous tous. C’est comme la première base d’une coopérative à venir.