Notre orientation première n’est pas de chercher à aider les gens qui arrivent (pour faire cela il existe déjà bien des associations), mais de nous mettre au travail avec eux pour examiner et formuler ensemble quels sont les nouveaux principes qu’impose la réalité de leur présence ici et à partir de quelles hypothèses et propositions la vie collective pourrait et devrait être entièrement ré-envisagée : « Il faut avoir l’humanité dans nos cœurs pour faire face à cette situation. Il faut que nous-mêmes, on s’interroge et on se parle ».
Il s’agit de construire ensemble une capacité collective à se prononcer sur ces questions, dont les gens qui arrivent soient pleinement, activement, partie prenante. Ce que chacun pense et fait dans l’Ecole, il le pense et le fait aussi pour soi-même, pour exister, être debout.
Aussi la subjectivité de l’Ecole n’est-elle pas celle de l’aide et du soutien, mais ce que nous appelons l’amitié. Nous travaillons en toute amitié dans toutes les activités de l’Ecole. Les gens qui y arrivent disent qu’ils s’y sentent immédiatement accueillis – c’est un accueil qui n’est pas le fait de telle ou telle personne, mais une sorte d’émanation collective de l’Ecole, dont chacun partage peu à peu à la fois l’esprit et ce qui s’y joue. Celles et ceux qui ne sont pas touchés, ou pas d’accord avec cet esprit, la quittent rapidement.
L’amitié est le contraire de « l’aide ». Car ce qu’on peut appeler « amitié », c’est une façon de réfléchir ensemble – ceux et celles qui vivent déjà là et ceux et celles qui y arrivent - comment porter une dure situation que nous sommes d’accord pour prendre sur nos épaules. C’est une attention nouvelle portée au réel du monde à travers l’attention portée à la pensée et l’expérience de chacun.
L’amitié est à la fois une condition et un résultat de ce partage inédit. Ensuite, à l’intérieur de cela, il y a bien sûr des liens plus particuliers et très forts qui se nouent, de toutes sortes. Cela rayonne.